Le partage des eaux, c’est celui des rivières musicales
qui coulent de l’Auvergne et du fleuve Jazz qui irrigue Lyon, pourrait-on dire. Que les amateurs de jazz soient prévenus : il s’agit d’un disque de musique traditionnelle
auvergnate. André Ricros est le fondateur et directeur de l’Agence des musiques
traditionnelles d’Auvergne (l’équivalent de notre CMTRA) ; c’est un spécialiste du collectage et aussi un musicien et chanteur. Il joue de la cabrette, sorte de cornemuse auvergnate – au son
plus doux toutefois que celui de ses équivalents celtiques. C’est son apport qui donne la coloration de base à ce disque enregistré à Lyon il y a 23 ans. Mais les autres musiciens viennent du
jazz, notamment Louis Sclavis et Alain
Gibert, tromboniste, compagnon des débuts de Louis
Sclavis, membre de l’ARFI, qui intervient comme arrangeur et producteur artistique sur ce
disque. Un disque séminal s’il en est, à l’origine d’une collaboration entre Ricros et Gibert qui continue encore dans l’Auvergne imaginée près d’un quart de siècle plus tard. Sclavis fut
l’entremetteur entre ces deux là à l’occasion de ce disque. Ce n’est pas qu’une pièce historique mémorable : les sonorités du jazz, la douceur des vents, particulièrement la clarinette de
Sclavis donnent une sonorité unique qui saura séduire aussi ceux qui ne sont pas a priori des adeptes des bals folk.